Au jour le jour

Malheureux comme Orwell en France (III) L’affaire de la « liste noire » (1)

En complément du texte d’analyse que nous venons de donner, nous avons réuni ci-dessous un ensemble de pièces aussi complet que possible pour que tout un chacun puisse se faire une idée de cette affaire montée en épingle à des fins douteuses.

Pour mise en bouche, un exergue repris à l’historien Pierre Vidal-Naquet, qui cite la fameuse tirade de Beaumarchais dans Le Barbier de Séville en ouverture de ses « Réflexions sur l’affaire Jean Moulin [1] ».

La calomnie, Monsieur ? Vous ne savez guère ce que vous dédaignez ; j’ai vu les plus honnêtes gens près d’en être accablés. Croyez qu’il n’y a pas de plate méchanceté, pas d’horreurs, pas de contes absurdes, qu’on ne fasse adopter aux oisifs d’une grande ville en s’y prenant bien : et nous avons ici des gens d’une adresse !… D’abord un bruit léger, rasant le sol comme hirondelle avant l’orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné. Telle bouche le recueille, et piano, piano, vous le glisse à l’oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, et rinforzando de bouche à oreille il va le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez une calomnie se dresser, siffler, s’enfler, grandir à vue d’œil. Elle s’élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription ? Qui diable y résisterait ?

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En 1980, dans la biographie qu’il donne sous le titre George Orwell, a Life, Bernard Crick signale l’existence d’une « liste de suspects » mais pour l’essentiel dans une courte note et sans prendre l’affaire au sérieux [2] :

Orwell apprit que le Freedom Defence Committee [3] s’était sabordé et maintenant que le National Council for Civil Liberties (ébranlé par la démission de E. M. Forster) avait cessé d’être dominé par les communistes, [… mais] il s’inquiétait de l’infiltration communiste dans d’autres endroits et conservait un carnet comprenant une liste de suspects 49. […]

Note 49 : Un carnet de notes de 1949 (Archives Orwell) comprend quatre-vingt-six noms de communistes ou sympathisants communistes énumérés dans des colonnes intitulées “Noms”, “Travail” et “Remarques”. La plupart des notes sont d’une autre écriture, non identifiée, mais on peut y lire de fréquentes annotations d’Orwell, et certaines des notes originales sont de sa main. De nombreux noms recensés peuvent être considérés comme étant probablement ceux de membres officiels ou officieux du parti, mais quelques-uns d’entre eux, recensés comme ayant simplement des opinions “proches”, semblent sélectionnés pour des raisons tirées par les cheveux et peu pertinentes. »

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En 1997, les principaux éditeurs français d’Orwell, Ivrea et l’Encyclopédie des nuisances, éditent une brochure, George Orwell devant ses calomniateurs. Quelques observations. Bien qu’antérieure à la diffusion de la liste d’Orwell (en 2003), cette analyse donne l’essentiel de l’affaire (et en particulier le rôle de la presse française), qui tient moins aux faits et moins encore à la vie et à l’œuvre d’Orwell qu’à une attitude intellectuelle formée à « l’école stalinienne de la falsification ». Nous donnons ici de larges extraits de ce texte en deuxième annexe à notre article.

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En 1998, le dernier volume des œuvres complètes d’Orwell [4] explicite le contexte dans lequel celui-ci a établi sa liste « des cryptocommunistes et des compagnons de route » et explique la nature de ses relations avec l’Information Research Department (IRD). Nous donnons ici de larges extraits de ce texte en troisième annexe à notre article.

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C’est peut-être en 1998 qu’est paru le premier ouvrage qui rend compte sérieusement de la collaboration d’Orwell avec l’IRD : Britain’s Secret Propaganda War, de Paul Lashmar et James Oliver [5]. Mais c’est en 1999 que paraît le premier livre à charge cité par Annie Lacroix-Riz, traduit en français en 2003 et consacré à la CIA et à la culture de guerre froide, où Frances Stonor Saunders y traite en trois pages de l’affaire de la « liste noire » d’Orwell dans un chapitre intitulé « Les furies de garde » – formule qui donne le ton général acrimonieux de l’ouvrage [6]. Nous donnons ici de larges extraits de ce texte en quatrième annexe à notre article.

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En 2001 paraît le deuxième livre à charge cité par Annie Lacroix-Riz, The Hidden Hand. Britain, America and Cold War Secret Intelligence (John Murray, Londres), par Richard J. Aldrich, qui traite d’Orwell en moins d’une page (essentiellement l’enrôlement de son œuvre dans la guerre froide) et de sa « liste noire » en un paragraphe – qui n’apportent rien de nouveau au livre de Frances Stonor Saunders cité ci-dessus.

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En 2002 paraît un livre de Christopher Hitchens sur Orwell [7]. Dans un chapitre qualifié de défense pure et simple » par James Smith, le journaliste américain revient sur « La “liste” ». Nous donnons ici de larges extraits de ce texte en cinquième annexe à notre article.

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Le 25 septembre 2003, dans la New York Review of Books, le politologue Tïmothy Garton Ash ne livre pas seulement l’analyse la plus précise (et la plus complète) de l’affaire de l’« Orwell’s list” », mais aussi la première fondée sur la liste de noms effectivement fournie par Orwell à l’IRD. Nous donnons ici de larges extraits de ce texte en sixième annexe à notre article.

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En 2004 paraît le troisième livre à charge cité par Annie Lacroix-Riz, America and Anti-Communist Propaganda, 1945-1953: The Information Research Department (Routledge, Londres & NYC), par Andrew Defty, qui évoque Orwell dans trois courts paragraphes (dont un seul sur sa « liste noire ») n’apportant rien non plus à ce qui est déjà paru (et cité au-dessus) ; mais l’auteur insiste lui aussi sur le rôle des œuvres d’Orwell dans la propagande anticommuniste – un point qui sera largement traité dans le quatrième livre cité par Annie Lacroix-Riz, sur les écrivains britanniques et la surveillance du MI5 entre 1930 et 1960 – mais, on va le voir, plutôt en défense d’Orwell…

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En 2006, dans la notice consacrée à l’entrée « Information Research Department (IRD) » du glossaire du livre de John Newsinger, La Politique selon Orwell (Agone, 2006, p. 331-332), Jean-Jacques Rosat donne une synthèse de l’affaire et toutes les références nécessaires pour s’en faire une idée précise :

Organisme créé en 1948 par le gouvernement travailliste comme un bureau semi-officiel de propagande anticommuniste et antisoviétique du ministère des Affaires étrangères. En mars 1949, Celia Kirwan – proche amie d’Orwell et qui y travaillait – demanda à celui-ci de participer à ses activités [8]. Orwell, trop malade, refusa d’écrire quoi que ce soit ; mais il communiqua une liste de personnalités qu’il pensait susceptibles de collaborer ; et, surtout, il proposa d’indiquer les noms d’écrivains et de journalistes qu’il tenait pour des crypto-communistes et auxquels l’IRD ferait mieux, selon lui, de ne pas s’adresser. Pour cela, il s’appuya sur une liste personnelle qu’il tenait à jour depuis 1942 et où figuraient les noms de toutes les personnalités du monde politique et intellectuel dont il se demandait de quel côté elles seraient en cas de conflit avec l’Union soviétique. Cette liste de 135 noms comporte des commentaires et de nombreux points d’interrogation, ratures et marques d’incertitude et d’hésitation [9]. Le 2 mai 1949, Orwell adressa à Celia Kirwan une liste beaucoup plus courte de 38 noms, qui a été retrouvée dans les dossiers du ministère des Affaires étrangères et rendue publique en 2003 [10]. Quelque jugement que l’on porte sur ce geste accompli par Orwell en pleine guerre froide, trois points sont clairs : 1. l’IRD ne relevait ni de la police ni des services secrets britanniques (même si ceux-ci n’ont sûrement pas été indifférents à ses activités) ; 2. la liste d’Orwell n’était pas une liste noire : il ne s’agissait pas d’interdire à certains journalistes ou écrivains d’exercer leur profession mais de suggérer à l’IRD de ne pas les employer comme propagandistes anticommunistes parce qu’ils risquaient d’être peu fiables dans cette tâche ; 3. aucune des 38 personnalités figurant sur la liste n’a jamais eu d’ennui avec les autorités britanniques. Sur cette affaire, on peut lire George Orwell devant ses calomniateurs. Quelques observations [Ivrea, 1997, dont nous donnons de larges extraits ici]. Pour des mises au point plus récentes qui tiennent compte des derniers documents retrouvés, lire D. J. Taylor, Orwell. The Life, Londres, Chatto & Windus, 2003, p. 408-410, et Timothy Garton Ash, « Orwell’s List », The New York Review of Books, 25 septembre 2003, vol. 50, n° 14 [dont nous donnons de larges extraits ici].

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En 2006, en annexe à la deuxième édition de son livre, Orwell ou l’Horreur du politique, Simon Leys écrit, sous le titre « L’affaire de la “liste noire” », la mise au point suivante [11]:

En 1996 – puis encore une fois en 2002 –, d’indécrottables staliniens lancèrent puis exploitèrent une rumeur selon laquelle Orwell, loin d’avoir été l’homme intègre que nous admirons, n’aurait été qu’un vil indicateur de police : au début de la guerre froide, il aurait communiqué aux “services secrets britanniques” une “liste noire” dénonçant une série d’intellectuels communistes et autres “compagnons de route” !
Cette sensationnelle “révélation” eut un retentissement énorme dans la presse, en Angleterre tout d’abord, puis dans le monde entier. Comme The Daily Telegraph l’écrivait, “ce fut comme si, dans 1984, Winston Smith avait délibérément collaboré avec la Police de la Pensée”. Et en France, Le Monde, pour sa part, osait encore titrer en 2003 : “Orwell, honorable correspondant : l’auteur de 1984 dénonçait aux services anglais les intellectuels crypto-communistes.”
Cette prétendue découverte se référait en réalité à une initiative parfaitement innocente et nullement secrète (Crick la mentionnait déjà dans sa biographie d’Orwell, qui date de 1980). Une amie intime d’Orwell, Celia Kirwan, travaillait dans un département de propagande du ministère des Affaires étrangères ; ce service souhaitait soutenir activement des écrivains, journalistes et artistes capables de contrer la propagande communiste. Pour aider son amie. Orwell lui signala à titre privé un certain nombre de personnes dont, étant donné les sympathies politiques, la malhonnêteté ou la stupidité, il eût été contre-indiqué de solliciter la collaboration pour un tel projet.
Tant les archives des Affaires étrangères que les papiers privés de Celia Kirwan (décédée en 2002) ont permis d’établir une lumière complète sur cette affaire, qui n’a d’ailleurs jamais rien présenté d’équivoque ni de ténébreux [12]. Le fait que, un demi-siècle après sa mort, Orwell ait pu encore être la cible d’une aussi crapuleuse calomnie montre bien quelle formidable et vivante menace il continue à présenter pour tous les ennemis de la vérité.

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En 2006 paraît un dernier supplément aux Complete Works of George Orwell, sous le titre Lost Orwell (Timewell Press). On y trouve reproduite la « Liste des noms de cryptocommunistes et de compagnons de route envoyés à l’IRD le 2 mai 1949 » (p. 141-149) [13] :

Anderson, John → Journaliste spécialisé dans l’industrie (Manchester Guardian) → Probablement sympathisant seulement. Bon journaliste. Stupide.
Aldred (nom de famille ? Guy) → Romancier (« Of many Men », etc.) → Q. si ouvertement membre du PC.
Beavan, John → Rédacteur en chef (Manchester Evening News et autres journaux) → Sympathisant sentimental uniquement. Pas subjectivement pro-PC. Peut avoir changé d’avis.
Blackett, Professeur P. M. S → Vulgarisateur scientifique (physique). → []
Carr, Professeur E. H. → The « Times ». Aberystwith University. Livres sur Bakounine, etc. → []
Chaplin, Chas → [] → ?
Comfort, Alex → Médecin. Poète, romancier. Contribut. à « Now » & périodiques similaires. Connexions avec Grey Walls Press (?) → Potentiel seulement. Pacifiste-anarchiste. Très antibritannique. Subjectivement pro-allemand pendant la guerre, semble de tempérament pro-totalitaire. Pas moralement courageux. Une main paralysée. Très talentueux.
Crowther, D. J. → Scientifique (biologiste ?) → ? Frère de Geoffrey Crowthern (de The Economist.) Oui
Childe, Professeur, Gordon → Vulgarisateur scientifique (anthropologie et histoire des sciences) → ?
Calder-Marshall, Arthur → Romancier et journaliste → Autrefois proche compagnon de route. A changé, mais pas de manière fiable. Personne non sincère.
Deutscher, I. → Journaliste (Observer, Economist et autres journaux) → Sympathisant seulement. Juif polonais. Auparavant trotskiste, il a changé d’avis principalement à cause de la question juive. Pourrait changer à nouveau.
Duranty, W. → Correspondant étranger bien connu. Livres sur la Russie, etc. → []
Driberg, Tom → Député de Malden et chroniqueur (Reynolds’ News, anciennement Daily Express) → Généralement qualifié de « crypto », mais à mon avis PAS vraiment pro-PC.
Dover, Cedric → Écrivain (« Half Caste », etc.) et journaliste. Formation à la zoologie → Eurasien. Très anti-Blancs (en particulier anti-États-Unis), mais aussi pro-russe sur tous les sujets importants. Très malhonnête. Personne vénale.
Goldring, D. → Écrivain (principalement de romans) → Carrière déçue.
Hooper, Major → Expert militaire. Brochures, livres sur l’URSS. → Q. si CR ou simplement sympathisant.
Jacob, Alaric → Correspondant étranger (D. Express et autres journaux) → Époux d’Iris Morley.
Kohn, Marjorie → Enseignante et journaliste (New Statesman et autres journaux) → Sympathisante stupide.
Litauer, Stefan → Expert en affaires étrangères. Correspondant polonais du News Chron. → Manifestement malhonnête. Aurait été auparavant un soutien de Pilsudski.
Morley, Iris → Correspondante étrangère (Observer et autres journaux) → Très solide compagnon de route. Q. si elle est ouvertement membre du PC.
Macmurray, Professeur John → S.C.M. du National Peace Council. Mouvement personnaliste. Beaucoup de livres → ? Pas de lien structurel, mais subjectivement très pro-URSS. Il est à noter que la branche française du mouvement personnaliste est en partie dominée par les compagnons de route.
Martin, H. Kingsley → Éd. New Statesman → ?? Trop malhonnête pour être « crypto » ou un compagnon de route mais sûrement pro-russe sur toutes les questions importantes.
Mackenzie, Norman → Journaliste (New Statesman) → Q. si ouvertement membre du PC
McLeod, Joseph → Écrivain sur des sujets théâtraux, anciennement annonceur de la BBC → ? ?
Mitchison, N. → Romancière → Sympathisante idiote. Sœur de J. B. S. Haldane.
Moore, Nicholas → Poète → ? Tendances anarchistes.
McDiarmid, H. → Poète et critique. Mouvement nationaliste écossais → Communiste dissident, mais sûrement pro-russe.
Mende, Tibor → Expert en affaires étrangères. Livres → Hongrois. Peut-être seulement sympathisant.
Neumann, R. → Romancier. Éditeur d’« International Authors » pour Hutchinsons pendant quelques années. → Allemand
O’Donnell, Peader → Critique → Q. si ouvertement membre du PC.
Parker, Ralph → Correspondant étranger (News Chronicle et autres journaux) → []
Priestley, J. B. → Romancier et présentateur radio → ?
Padmore, George → Ligue contre l’impérialisme et activités apparentées. Beaucoup de brochures → Noir. Dissident communiste (expulsé à partir de 1936 environ), mais sûrement pro-russe.
Redgrave, Michael → Acteur → ?
Smollett, Peter (de son vrai nom Smolka ?) → Correspondant, D. Express, etc. Section russe du MOI pendant la guerre → Selon C. Pers, ne serait qu’un carriériste, mais il donne la forte impression d’être une sorte d’agent russe. Personne très louche.
Schiff, Leonard (Révérend) → Pasteur de C.E. (moderniste). Connaissance de l’Inde. Brochures. → ?
Werth, Alexander → Correspondant étranger (Manchester Guardian et autres journaux) → ? N’est peut-être pas un compagnon de route mais donne cette impression.
Young, Commandant E. P. (R. N.) → Expert naval. Brochures → presque certainement « crypto » CR ?
Stewart, Margaret → Journaliste (News Chronicle, Economist et autres journaux). Actif dans le NUJ → Il y a environ 5 ans, était membre clandestin du PC. Elle a peut-être changé d’avis. Personne très compétente.

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En 2013, un universitaire britannique spécialisé en histoire littéraire publie une étude « des écrivains britanniques et la surveillance du MI5 entre 1930 et 1960 » [14]. Si James Smith n’apporte aucune information supplémentaire sur l’affaire de la « liste noire », il analyse longuement la place donnée à l’œuvre d’d’Orwell dans la propagande d’État, et surtout la nature de la trahison dont l’écrivain a fait l’objet, plutôt que celle qu’il aurait commise. Nous donnons ici de larges extraits de ce texte en septième et dernière annexe à notre article.

Thierry Discepolo

Première annexe à l’article « Qui veut tuer son maître l’accuse de la rage »

Notes
  • 1.

    Pierre Vidal-Naquet, Le Trait empoisonné. Réflexions sur l’affaire Jean Moulin, La Découverte, 1993.

  • 2.

    . Bernard Crick, George Orwell, a Life, Penguin Books, Londres, [1980] 1992 ; trad. fr. Stéphanie Carretero et Frédéric Joly, George Orwell, une vie [2003], Flammarion, 2008, p. 652 et 680.

  • 3.

    En 1945, Orwell participe, avec deux figures de l’anarchisme britannique, Herbert Read et George Woodcock, à la création du Freedom Defence Committee (Comité pour la défense de la liberté) « pour défendre les libertés fondamentales des individus et des organisations, et pour venir en aide à ceux qui sont persécutés pour avoir exercé leurs droits à la liberté de s’exprimer, d’écrire et d’agir ». Dans la notice qu’il consacre au Freedom Defence Committee, Jean-Jacques Rosat précise : « Parmi les soutiens du comité [dont Orwell était vice-président] figuraient Bertrand Russell, Cyril Connolly, Benjamin Britten, Michael Tippett, Henry Moore, Osbert Sitwell, E. M. Foster et Augustus John. Orwell considérant “que le Freedom Defence Committee ne s’attachait pas suffisamment à défendre les citoyens anglais de gauche poursuivis pour des raisons politiques”, des discussions s’engagèrent entre Arthur Koestler, Bertrand Russell, Victor Gollancz et lui pour “tenter de mettre sur pied une Ligue pour la dignité et les droits de l’homme d’une plus grande envergure” ; mais le projet n’aboutit pas. » John Newsinger signale que, en mars 1948, Orwell écrit à Woodcock « pour que le Freedom Defence Committee prenne position contre la tentative du gouvernement travailliste de purger la fonction publique de ses éléments communistes : “Toute cette affaire me semble témoigner de la dégradation générale de notre vie démocratique.” » (John Newsinger, Orwell’s Politics, St. Martin Press, New York, 1999, trad fr. Bernard Gensane, La Politique selon Orwell, Agone, 2006, resp. p. 255 et 328.)

  • 4.

    . The Complete Works of George Orwell, édition établie par Peter Davison, avec Ian Angus et Sheila Davison, Secker & Warburg, Londres, 1998, vol. XX, annexe 9, n° 3732, p. 240-259 et 318-327.

  • 5.

    Ce livre est cité en ouverture du chapitre que Christopher Hitchens consacre à « La “liste” » dans son livre Why Orwell Matters (Basic Books, New York, 2002 ; trad. fr. Dans la tête d’Orwell. La vérité sur l’auteur de « 1984 », Saint-Simon, 2019), dont on donne de larges extraits en cinquième annexe.

  • 6.

    Frances Stonor Saunders, Who Paid the Piper? The CIA and the Cultural Cold War, Granta, Londres, 1999 ; trad. fr. Delphine Chevalier, Qui mène la danse ? La CIA et la guerre froide culturelle, Denoël, 2003, p. 306-308, dont on donne de larges extraits en quatrième annexe.

  • 7.

    Christopher Hitchens, Why Orwell Matters, Basic Books, New York, 2002 ; trad. fr. Dans la tête d’Orwell. La vérité sur l’auteur de « 1984 », Saint-Simon, 2019.

  • 8.

    Sur Celia Kirwan (née Paget, 1916-2002), le même glossaire indique qu’il s’agit de la « sœur jumelle de Mamaine, la femme d’Arthur Koestler, chez qui Orwell la rencontra à Noël 1945, alors qu’elle était assistante de rédaction à Polemic. Veuf depuis quelques mois, Orwell lui proposa de l’épouser. Malgré son affection pour lui, elle refusa ; mais ils restèrent très liés. »

  • 9.

    . The Complete Works of George Orwell, édition établie par Peter Davison, avec Ian Angus et Sheila Davison, Secker & Warburg, Londres, 1998, tome XX, p. 240-259 – dont nous donnons une traduction ici.

  • 10.

    . Sur les circonstances de cet envoi, lire ibid., p. 318-227 – dont nous donnons une traduction ici .

  • 11.

    . Simon Leys, Orwell ou l’Horreur du politique, [1984], Plon, 2006 ; rééd. Flammarion, 2014.

  • 12.

    Pour une analyse claire, documentée et complète de cette question, lire l’étude de Tïmothy Garton Ash, « Orwell’s list », The New York Review of Books, 25 septembre 2003, vol. 50, n° 14 – dont nous donnons de larges extraits ici.

  • 13.

    La liste est présentée en trois colonnes, que nous avons rendues en les séparant par des « => » et en indiquant les colonnes vides par des « [] » ; nous avons conservé les abréviations, dont : « Q. » pour « Q[uer]y. », soit « Questionner » ; « CR » pour « compagnon de route ».

  • 14.

    . James Smith, British Writers and MI5 Surveillance, Cambridge University Press, 2013, p. vii-viii, xiv,140, 110-124, 141-151 et 157.