Au jour le jour

Ce jour de novembre 1918 où la révolution allemande s'est arrêtée à Strasbourg (Alfred Döblin)

Toute la nuit le ciel resta noir. De sa cachette, une lune invisible projetait une lueur magique sur quelques nuages qui s’étiraient lourdement sous elle. Comme la veille, à l’aube, un vent glacial et coupant se mit à souffler, le ciel fut balayé, il était d’un blanc laiteux lorsque la ville s’éveilla. Çà et là des coups de feu claquaient. Une matinée lumineuse, rayonnante, commençait. Les gens descendaient dans les rues comme en un jour de fête. Ils s’attroupaient sur la Marktplatz, à la gare, dans la Hauptstraße devant le grand magasin. On était joyeux, les enfants aussi étaient de la partie. La guerre était indubitablement finie.

Le sous-lieutenant von Heiberg errait à travers Strasbourg. Spectacle oppressant des soldats en haillons. Continuation des scènes d’horreur de la veille. Il ne prêtait nulle attention à la vie insouciante de la vieille ville qui lentement s’animait, ignorant les magasins qui s’ouvraient, les tramways qui serpentaient à travers les rues étroites. Des affiches sur les murs l’hypnotisaient, c’était toujours la même. À cinq endroits différents, mot après mot, il déchiffra le texte, sans comprendre : « Le Roi et Empereur a décidé de renoncer au trône.[1] » Dix mots. Cette phrase engloutissait tout son esprit. La suite, plus précisément la fin de la dépêche, ne parvenait que confusément jusqu’à lui : « Imprimeur M. Dumont Schauberg, Strasbourg en Alsace, dix pfennigs l’exemplaire. »

Il déambula dans le centre, aboutit par une passerelle derrière la St-Thomas-Platz, et il longeait le quai Finkwiller, lorsque quelqu’un dans son dos lui donna une grande tape sur l’épaule. Heiberg tressaillit, se retourna et se trouva devant un soldat d’un certain âge qui grimaçait un sourire et avait un air effrayant. Toute la moitié droite de son visage était tuméfiée, violacée sous l’œil ; de l’œil même on ne distinguait qu’une ligne oblique, le reste disparaissant dans l’enflure noirâtre. Mais l’homme riait, aussi bien de la partie gauche, indemne, de son visage que – moins, évidemment – de cette horrible partie droite. Tendant à Heiberg la main qui venait de lui assener ce coup vigoureux, il lança un : « Bonjour ! » en dialecte berlinois. Heiberg sentit que l’homme avait bu. Il lui tendit une main que l’autre serra dans ses deux pattes. Approchant son visage du visage défait de Heiberg, l’homme chuchota : « Pas besoin d’avoir peur, Heiberg, j’te ferai rien. Tu m’remets pas avec ma joue ? Bottrowski, Neukölln 2e compagnie. » Et avec un grand rire, sans lâcher le bras : « Ça alors, à Strasbourg, au bord de l’eau ! Dis donc, tu te serais imaginé là-bas qu’on se retrouverait ici, et comme ça ? On est foutus, toi et moi ! »

Et d’étreindre son ancien capitaine.

Heiberg n’eut plus qu’à se laisser entraîner par son ancien subalterne du front d’Arras ; bras dessus bras dessous, ils longèrent le quai jusqu’à ce qu’une taverne de pêcheur vint entraver la marche de Bottrowski. Celui-ci renifla, ils descendirent l’escalier. Quelques personnes se trouvaient là qui disparurent bientôt. Ils s’assirent dans le coin le plus reculé de la taverne, Bottrowski lui donna une bourrade.

« Ils ont fichu le camp en nous voyant, ce sont des gens d’ici, ils ont peur d’attraper la gale. »

Et il raconta à son ancien chef de compagnie qui se laissait tutoyer sans réagir : « Hier j’me suis battu en duel avec trois d’entre eux. Y en avait un qui affirmait que les Alsaciens élèvent mieux leurs enfants que les Berlinois. Paraît qu’on manque de distinction et de religion. Je l’ai mis au défi de le prouver. Il s’est défilé. On était trois, on sortait de l’hôpital, on a commencé avec nos chopes et ensuite la table y est passée, tu peux me croire, Heiberg, on s’est battus comme si on avait l’ennemi en face. »

Soudain, après quelques gorgées de café, il devint sérieux.

« Qu’est-ce que tu dis de ce pétrin ? On a visé trop haut, et maintenant on le paie. Chez moi, en permission, j’disais toujours : “Pas la peine de prendre des grands airs, faut pas croire que les autres sont des incapables.” »

Heiberg : « Quel est le moyen le plus rapide pour aller à Berlin ? » Le soldat secoua énergiquement la tête. « Rentrer ? Pour quoi faire ? Tu crois qu’ils vont me faire détaler d’ici ? Ces types-là ? C’est pas demain la veille. La pagaille chez nous ne me tente pas. Et toi ? Ça va mal à Berlin, j’te le dis, et surtout pour les officiers. »

Après avoir bu en silence, Bottrowski commença à raconter à mi-voix à son lieutenant ce qui s’était passé ici. Il était dans une compagnie de convalescents.

« Ça a commencé jeudi dernier en ville. Tu te dis, la révolution ! Mon œil ! C’était contre nous ! Contre les Allemands ! Alors on n’a plus bougé de chez nous et on a sérieusement réfléchi à la chose et à ce qu’on allait faire si ça continuait comme ça. Ils n’ont pas osé se frotter à nous, ils s’en sont pris aux civils et aux magasins. Mais voilà que là-bas à Kehl[2] s’est formé un conseil de soldats et le 9, nous aussi, on en avait un. Du coup les Alsaciens en sont restés comme deux ronds de flan. »

Et de serrer contre lui son petit lieutenant, qu’on ne me le bouscule pas.

« Toi non plus, tu dois pas être mécontent qu’on ait dégommé cette bande-là, tous ces embusqués et compagnie. »

Et l’homme se redressa gravement sur son tabouret : « Fini le massacre. Vous, vous avez fait la guerre, nous, on fait la paix. J’te fiche mon billet qu’on la fera. Parole de Bottrowski ! »

Heiberg n’y comprenait rien, il se souvenait des affiches dehors : « Le Roi et Empereur a décidé de renoncer au trône. »

« Le samedi 9 nous étions tous dans la rue. Le sergent Rebholz[3], un garçon épatant, a mené l’affaire comme un chef. Il a téléphoné à tous les régiments de former des conseils de soldats, ça a marché comme sur des roulettes, seuls les 15e et 19e bataillons du génie ont fait des histoires. À dix heures on a filé à l’hôtel de ville, chez Peirotes[4], le nouveau maire d’ici, un socialiste. On voulait qu’il forme un conseil d’ouvriers. Lui en voiture, drapeau rouge en tête, on s’est tous mis en marche vers la Kleberplatz, un chouette cortège. »

Heiberg commanda deux kirschs, ce sont mes derniers sous, j’ai eu honte d’en parler à Hanna.

« Ensuite cap sur la police, on les a débarqués. Et expédié des patrouilles dans les prisons. »

Bottrowski posa ses deux mains solides sur la table, c’était un homme fort, aux joues rebondies, son ivresse s’était dissipée ; grave, sans haine, il mit son ancien chef au courant.

« J’ai été de la partie avec mon flingue, à trois endroits. Les gardiens de prison ont dit qu’il y avait parmi les prisonniers des droit commun, des voleurs, des inculpés pour coups et blessures. Moi, j’ai répondu : “Maintenant c’est l’amnistie ! Le jour de leur anniversaire tous les rois ont le droit de libérer des gens. Ce droit-là nous l’avons bien, nous aussi ! Et vous, vous n’avez qu’à la fermer !” Il n’est plus resté un chat. Au poste de police, on leur a aussi raflé tous leurs documents secrets. Y en a ici à qui ça donnera du fil à retordre. »

Heiberg, petit sur sa chaise à côté de son ancien subalterne, pensa : « C’est peut-être la volonté du destin, je devrais peut-être me placer sous sa protection », et il dirigea la conversation sur les officiers.

« Et qu’est-ce que vous avez fait de vos officiers, Bottrowski ? »

Celui-ci posa sur lui un regard grave, un regard d’homme. « À part leurs épaulettes et leurs épées, rien ne nous intéresse. Qu’ils déguerpissent. Qu’ils disparaissent. Complètement. Toi, tu étais un brave type, et il y en avait d’autres, vous saviez, ou vous aviez appris, ce que c’est qu’un homme. Mais dans l’ensemble... Un conseil : fais-toi le plus petit possible, qu’on ne te remarque pas. »

C’en était trop pour Heiberg. La colère de nouveau montait en lui. Il jeta un regard alentour, demanda d’un air pincé : « Et pourquoi donc ? »

L’homme au manteau de soldat ne fit pas un geste, son visage ne bougea pas, il ne se départit pas de son calme. Fixant droit devant lui l’étagère murale et les trois cruches en métal qui s’y trouvaient : « C’est bien que tu parles comme ça. Tous n’agissent pas ainsi. Il y a des faux jetons qui se mêlent à nous. Mais on va leur faire voir d’où souffle le vent. Vous avez perdu la guerre et ruiné le peuple. Ou tu nous regardes, ou tu passes le pont. Vous n’avez plus qu’à la fermer. C’est encore ce que vous avez de mieux à faire. Sinon vous aurez de nos nouvelles. Tu demandes pourquoi, Heiberg ? Tu es jeune, tu ne sais rien. Quand je demande à ma fille qui a douze ans pourquoi nous ne mangeons pas de viande ou pourquoi, en été, nous n’envoyons pas à la campagne la mère qui en a besoin, elle me rit au nez : “Papa, tu es complètement fou.” Elle croit qu’il doit en être ainsi. Nous autres, peintres décorateurs ou peintres en bâtiment, quand la guerre est venue, et parce que nous ne pouvions pas faire autrement, nous n’avons pas bronché et nous sommes partis à l’appel. Dans notre syndicat beaucoup sont tombés ou sont estropiés, et jamais plus ils ne remonteront sur une échelle. Mais maintenant la guerre est finie, et vous avez perdu la partie. Je dis vous, Heiberg, car tu fais partie du lot, comme ma fille fait partie de moi-même, et à présent nous pouvons agir autrement, et à présent les choses vont changer ! »

Il tourna son visage mal rasé vers Heiberg. Il n’avait pas l’air méchant, mais seulement très déterminé, sévère. Heiberg avait la colère au ventre. Le soldat ajouta, bonhomme : « Mais je ne vais pas te bouffer », et il sortit un cigare qu’il contempla avec amour. « Désolé, je ne peux pas t’en offrir. On me l’a donné.

— Qu’avez-vous fait de vos officiers ? »

Au point où il en était, Heiberg osa insister. Bottrowski jeta un regard vers l’escalier de la cave, deux soldats venaient de descendre et s’installaient bruyamment dans la première pièce.

« Des Alsaciens, grommela-t-il après avoir allumé son cigare. Faut parler moins fort, j’les connais pas. Les officiers ? Ça n’a pas fait un pli. On leur a simplement donné une chiquenaude, tiens, comme celle que je donne à cette table, et ils sont tombés. Beaucoup sont partis. Le commandant et le chef d’état-major sont encore là, ce que nous apprécions. D’ici la fin de la matinée ils doivent nous dire s’ils se soumettent et se rallient à nous. Je vais à la réunion. Tu peux m’accompagner.

— Non, ce n’est pas possible », souffla Heiberg.

Bottrowski se mit à rire : « Nous n’allons pas vous bouffer, il y a déjà une demi-douzaine d’officiers dans le conseil de soldats.

— Où est-ce ?

— Un peu plus loin, au bord de l’eau également, dans ce coin chic près du château. »

Il se leva, Heiberg fut bien obligé de le suivre. Ils traversèrent la ville. Heiberg regardait autour de lui, se demandant comment échapper à ce type.

« Viens, l’incitait son bourreau, viens donc, Heiberg, tu ne m’as pas encore raconté ce que devient notre compagnie. »

« Il faut que je m’échappe », pensait Heiberg. À cet instant, venant du sud, un camion militaire surmonté d’un drapeau rouge apparut au niveau de la rue des Grandes-Arcades, il s’arrêta juste devant eux ; des têtes en sortirent, on s’écria : « Bottrowski ! »

C’en était fait de Heiberg. Il voulut se sauver, mais son compagnon passa un bras autour de ses épaules pendant que les hommes en haut abaissaient la ridelle.

« C’est un lieutenant de ma compagnie, il vient avec nous. »

Et sous les exclamations, salué par de vigoureuses poignées de mains, Heiberg se trouva, d’un coup, hissé dans la voiture. La ridelle fut remontée et verrouillée. Le camion tout bringuebalant se dirigea vers le palais de justice. […]

Au cours de cette même matinée, le palais de justice de Strasbourg se transforma en une véritable forteresse militaire. Dans la vaste salle de la cour d’assises où tant de destins s’étaient joués, avait pris place le conseil de soldats élargi, comprenant cent vingt délégués issus de trente formations. Des nuages de fumée qui s’élevaient des pipes ; des cigarettes et des cigares emplissaient la salle, les murs étaient nus, on avait renversé le buste de bronze de l’empereur qui pesait bien ses cent kilos et arraché les tableaux, ils traînaient, entassés près de l’estrade, un troupeau de moutons abattus. Mais des feldgrau[5] bruyants et joyeux occupaient les sièges, enjambaient les bancs des jurés et des auditeurs. Le sergent Rebholz, qui siégeait au tribunal, agita sa sonnette en criant.

On apprit tout d’abord que des commissions s’étaient constituées : le Transport dans la Brandgasse, les Finances au tribunal de première instance, la Démobilisation à la banque de Mulhouse, les commissions chargées de la sécurité, des passeports et de l’approvisionnement fonctionnaient. Dans les prochains jours on démobiliserait individuellement, par la suite des unités entières seraient rapatriées. Un représentant du médecin de la garnison se leva pour réclamer l’ajournement de la démobilisation du personnel sanitaire.

Silence glacial à l’annonce que Hindenburg avait convié le conseil d’ouvriers et de soldats de Cologne à se rendre au grand quartier général[6], que les camarades Sollmann, Schulte et Fuchsius y étaient allés également, et qu’ils faisaient savoir que Hindenburg et l’armée se mettaient à la disposition du nouveau gouvernement, afin d’empêcher le chaos.

« Eh bien », dit ce grand sec de Rebholz, sachant qu’il lui revenait d’exprimer l’opinion de l’assemblée, « voilà de drôles d’informations. Elles montrent bien que les anciens dirigeants sont toujours aussi gonflés. (Interjections : « Dégonflez ces baudruches ! ») Il reste un télégramme que nous adresse l’actuel gouvernement de Berlin, oui, à nous, au conseil d’ouvriers et de soldats de Strasbourg : “L’occupation militaire imminente de l’Alsace-Lorraine par l’Entente, par les Français, ne préjuge en rien de son destin final”, en clair, le fait qu’elle soit occupée ne permet pas de dire si elle retournera à la France, si elle deviendra neutre, ou si elle restera allemande. »

Silence. Rebholz, tendu, observait la salle, le mur derrière lui était horrible, sur ce mur, revêtu d’un badigeon foncé, était jusqu’alors accroché un tableau rectangulaire, le portrait de l’empereur, naturellement, mais la peinture avait passé et un carré noirâtre y formait comme un trou. De chaque côté de Rebholz deux hommes étaient assis à ce qui était autrefois la table du juge, des soldats avaient pris place sur les bancs des jurés. Jamais la salle n’avait été plus calme depuis l’ouverture des portes, ce matin, par les deux gardes armés de fusils. Dans la salle, une voix de toute évidence alsacienne suggéra discrètement : « Passons à l’ordre du jour. »

Rebholz, toujours étonnamment crispé : « Pas question. Il ne s’agit pas d’éluder le problème. Il faut prendre position d’une manière ou d’une autre. »

Mais comment percer ce mur de mutisme ? Ce n’était d’ailleurs pas seulement du mutisme, de l’indécision, l’atmosphère dans la salle était en fait dangereusement tendue. Des antagonismes existaient, et l’expression de Rebholz semblait signifier qu’il les connaissait et qu’il défendrait énergiquement son point de vue. Jusqu’au moment où un barbu, assis au banc des jurés, près de la fenêtre, s’écria : « L’Alsace est allemande et restera allemande ! »

Comme déclenchée par une étincelle une réponse fusa d’en bas : « Vive la révolution mondiale ! »

Puis, comme une traînée de poudre à travers la salle : « Vive la révolution mondiale, vive la révolution mondiale ! »

Les voisins de Rebholz se levèrent, à son signal, ceux des bancs des jurés suivirent, puis la salle entière. Un délire : « Vive la révolution mondiale ! »

Et devant, déjà, retentissait doucement L’Internationale, chantée par deux ou trois hommes. Le chant saisit les bancs des jurés, descendit dans la salle, la conquit en quelques instants et déferla. Et les vieux murs sombres lui firent écho, eux qui n’avaient jusqu’alors entendu que des mensonges et des aveux, le harcèlement des interrogations et des accusations, eux qui avaient coutume de voir s’affronter devant un public curieux des juges en toge noire, des jurés et des criminels, des écraseurs et des écrasés. Le fait même de chanter en ces lieux était inouï. Et en plus L’Internationale ! Beaucoup de soldats connaissaient à peine le texte et la mélodie. Mais comme ce chant déferlait sur eux, ils éprouvèrent eux aussi le désir d’y joindre leur voix : ils sentaient que ce n’était pas un chant de guerre, mais la fin de la guerre, la paix, la liberté des hommes.

Debout, les damnés de la terre.

Pendant la deuxième strophe, quelqu’un s’approcha par-derrière de Rebholz qui se retourna tout en chantant. Ils chuchotèrent. Le messager lui remit un billet. Apparemment impassible, le président chanta jusqu’au dernier couplet puis, alors qu’on s’asseyait très bruyamment, tout en applaudissant, il annonça, sur un ton officiel, une interruption de séance, afin de permettre au comité de préparer la suite de l’ordre du jour. Tandis que les quatre autres descendaient devant lui jusqu’à la salle des juges, il ne laissa rien voir de la colère qui l’avait saisi lorsqu’il avait appris que le gouvernement de Berlin avait expressément invité le haut commandement général de l’armée à conserver le commandement, et que les officiers devaient garder le droit de porter épée et épaulettes. Entrant le dernier, il claqua la porte, son visage froid s’allongea, il fronça le nez, saisit la première chaise à sa portée, la posa brutalement sur le sol et prononça, furieux, ces paroles : « Ainsi tout reste comme avant, tout doit rester comme avant ! »

Alfred Döblin

Extrait de Novembre 1918. Une révolution allemande (tome I). Bourgeois et soldats, Agone, 2009, p. 29-47.

Notes
  • 1.

    Le Kaiser Guillaume II abdiqua le 9 novembre 1918 alors qu’il était au Grand Quartier Général allemand, dans la ville thermale de Spa. [ndlr]

  • 2.

    Kehl est une ville voisine de Strasbourg, en bordure du Rhin. [ndlr]

  • 3.

    Secrétaire du syndicat des ouvriers-brasseurs strasbourgeois, Johann Rebholz, sous-officier d’origine allemande, prend la tête du conseil des soldats au début de la révolution strasbourgeoise ; élu le 10 novembre 1918 président du comité exécutif du conseil des ouvriers et des soldats de la ville, il préside les réunions dans la salle d’assises du palais de justice et signe les déclarations du conseil jusqu’à l’arrivée des troupes françaises le 22 novembre. [nde]

  • 4.

    Ouvrier du livre puis journaliste, rédacteur du journal alsacienFreie Presse (Presse Libre), Jacques Peirotes fut président du parti social-démocrate d’Alsace (1906-1918) et député au Landtag (parlement régional) d’Alsace-Lorraine à partir de 1911 puis de Colmar au Reichstag à partir de 1912. Prenant la place du maire de Strasbourg, Rudolf Schwander, le 10 novembre 1918, il œuvre, contre les conseils d’ouvriers et de soldats, à neutraliser l’instauration d’une république des conseils, demandant notamment aux troupes françaises de hâter leur arrivée. Élu maire de Strasbourg en 1919, réélu en 1925, il sera battu en 1929 par une coalition de communistes et d’autonomistes alsaciens. [nde]

  • 5.

    . Feldgrau, « gris verdâtre », était la couleur des uniformes de l’armée allemande pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale. Par extension, le terme en désigne les soldats. [ndlr]

  • 6.

    Le GQG (grand quartier général) allemand s’installa dans la ville thermale de Spa en mars 1918 et y resta jusqu’à la fin de la guerre. [ndlr]