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Actualités du scepticisme (II) Science, désillusion sceptique et démocratie

Bertrand Russell est convaincu que la vertu démocratique par excellence est le scepticisme. Toute attitude dogmatique est susceptible de se révéler néfaste pour la démocratie, voire de lui être fatale. Le scepticisme est l’attitude intellectuelle qui fait courir le minimum de risque à la démocratie. On pourrait être tenté de dire, en parodiant Churchill, que c’est d’une certaine façon la pire des positions épistémologiques, en ajoutant que toutes les autres sont cependant probablement encore pires.

Ce qui frappe Russell, comme d’autres, c’est qu’il y a eu des guerres de religion, mais pas de guerre faite au nom de la science, même s’il y a eu, en matière scientifique, des affrontements extrêmement violents, comme par exemple celui qui a opposé Boltzmann et les partisans de l’énergétisme à propos de l’atome. Russell voit dans la science le meilleur exemple de désaccords qui peuvent se régler pacifiquement, ce pourquoi il pense que la science est particulièrement importante comme moyen de formation à la démocratie.

Le fait que les controverses dans les sciences, d’une part, soient fréquentes et, d’autre part, se décident généralement sans violence est à mettre en rapport avec un autre fait caractéristique, à savoir la conscience que l’erreur reste possible même dans les choses dont on est le plus sûr. Russell souligne que, d’une façon qui pourrait sembler paradoxale, toute la science exacte est dominée par l’idée d’approximation, alors que la possibilité de l’erreur n’a pas sa place et est à peu près impossible à envisager dans des domaines comme la théologie ou la politique, où l’erreur est pourtant la plus facile et la plus probable :

Dans des questions où la vérité ne peut pas être établie, personne n’admet qu’il y ait la moindre possibilité ne serait-ce que de l’erreur la plus minime dans ses opinions. Qui a jamais entendu parler d’un théologien faisant précéder son credo ou d’un politicien concluant ses discours par une déclaration concernant l’erreur probable dans ses opinions ? C’est un fait étrange que la certitude subjective soit inversement proportionnelle à la certitude objective. Moins un homme a de raison de supposer que lui-même est dans le vrai, plus il asserte avec véhémence qu’il n’y a absolument aucun doute sur le fait qu’il est exactement dans le vrai. C’est une démarche habituelle des théologiens que de se moquer de la science parce qu’elle change. « Regardez-nous, disent-ils : ce que nous avons affirmé au Concile de Nicée, nous l’affirmons toujours ; alors que ce que les scientifiques ont affirmé seulement il y a deux ou trois ans est déjà oublié et dépassé[1] »

Dans « Free Thought and Official Propaganda », une conférence de 1922, Russell avait affirmé à peu près la même chose de la façon suivante :

William James avait coutume de prêcher la « volonté de croire ». Pour ma part, je souhaiterais prêcher la volonté de douter. Aucune de nos croyances n’est tout à fait vraie ; toutes ont au moins une pénombre de vague et d’erreur. Les méthodes qui permettent d’augmenter le degré de vérité dans nos croyances sont bien connues ; elles consistent à écouter toutes les parties, à essayer d’établir tous les faits pertinents, à contrôler nos propres préventions par la discussion avec des gens qui ont des préventions opposées, et à cultiver la disposition à écarter toute hypothèse dont il a été démontré qu’elle était inadéquate. Ces méthodes sont pratiquées dans la science, et ont construit le système de la connaissance scientifique. Tout homme de science dont la façon de voir est véritablement scientifique est prêt à admettre que ce qui passe pour une connaissance scientifique au moment considéré exigera sûrement d’être corrigé avec le progrès de la découverte ; néanmoins, il est suffisamment proche de la vérité pour servir un bon nombre de buts pratiques, mais pas pour tous. Dans la science, qui est la seule où on peut trouver une chose qui s’approche de la connaissance authentique, l’attitude des hommes est expérimentale (tentative) et remplie de doute.

Dans la religion et la politique, au contraire, bien que l’on n’y trouve jusqu’à présent rien qui approche la connaissance scientifique, tout le monde considère comme étant de rigueur d’avoir une opinion dogmatique que l’on doit soutenir en infligeant la privation de nourriture, la prison et la guerre, et protéger soigneusement de la compétition argumentative avec n’importe quelle opinion différente. Pour peu que les hommes puissent être amenés à une disposition d’esprit qui ferait l’essai d’une attitude agnostique sur ces sujets, les neuf dixièmes des maux du monde moderne seraient guéris[2].

Le point crucial est donc que, même si aucune des affirmations de la science ne peut jamais être considérée comme strictement vraie, la plupart d’entre elles ne sont cependant pas non plus très éloignées de la vérité et en sont même souvent assez proches pour pouvoir être utilisées en pratique comme si elles étaient tout à fait vraies. C’est une situation qui, pour Russell, n’a pas d’équivalent dans la religion et la politique, où la notion de vérité approchée ne semble pas avoir sa place. Le lien qui existe entre le progrès de la science et le progrès de la démocratie repose, de son point de vue, sur le fait suivant :

L’habitude de fonder les opinions sur la raison, quand elle a été acquise dans la sphère scientifique, est apte à être étendue à la sphère de la politique pratique. Pourquoi un homme devrait-il jouir d’un pouvoir ou d’une richesse exceptionnels uniquement parce qu’il est le fils de son père ? Pourquoi les hommes blancs devraient-ils avoir des privilèges refusés à des hommes de complexions différentes ? Pourquoi les femmes devraient-elles être soumises aux hommes ? Dès que ces questions sont autorisées à apparaître à la lumière du jour et à être examinées dans un esprit rationnel, il devient très difficile de résister aux exigences de la justice, qui réclame une distribution égale du pouvoir politique entre tous les adultes, à l’exception de ceux qui sont fous ou criminels. Il est, par conséquent, naturel que le progrès de la science et le progrès vers la démocratie aient marché la main dans la main[3].

Comme on vient de le voir, Russell pense que, dès lors que des questions comme celles dont il s’agit sont posées clairement et abordées de façon rationnelle, la réponse ne peut pas ne pas sembler à peu près immédiatement évidente. Il est donc essentiel, pour ceux qui cherchent à tout prix à maintenir les choses dans l’état où elles sont, de faire en sorte qu’elles ne soient pas posées ou pas envisagées dans un esprit rationnel. Un des secrets de la réussite des systèmes totalitaires réside dans la façon dont ils réussissent à persuader un nombre important et même une majorité de gens que les divergences d’opinion les plus fondamentales ont une source qui les fait échapper au contrôle de la raison et rend par conséquent inutile et dérisoire la discussion rationnelle à leur sujet. Pour le rationaliste convaincu qu’est Russell, le danger, qui risque de se révéler rapidement mortel, commence lorsqu’on laisse se généraliser, au sein d’une communauté qui est encore en principe démocratique, le sentiment et bientôt la certitude que les désaccords et les conflits les plus importants peuvent et doivent être traités d’une façon qui, pour être sérieuse et efficace, doit commencer par exclure aussi complètement que possible de la confrontation l’intervention de la raison et de l’argumentation rationnelle.

Mais que peut-on répondre à ceux qui déplorent le fait que le résultat le plus concret de l’application de la méthode scientifique ait été finalement non pas la découverte et la possession espérées de la vérité, mais plutôt le scepticisme ?

Notre époque est une époque qui substitue de plus en plus le pouvoir aux idéaux anciens, et cela se produit dans la science comme ailleurs. Alors que la science comme poursuite du pouvoir devient de plus en plus triomphante, la science comme poursuite de la vérité est tuée par un scepticisme que le savoir-faire des hommes de science a engendré. Que ce soit un malheur est indéniable, mais je ne peux admettre que la substitution de la superstition au scepticisme prônée par un bon nombre de nos hommes de science les plus en pointe serait une amélioration. Le scepticisme peut être douloureux, et il peut être stérile ; mais au moins il est honnête et constitue un résultat de la recherche de la vérité. Peut-être est-ce une phase temporaire, mais aucune issue n’est possible en revenant aux croyances abandonnées d’une époque plus stupide[4].

En d’autres termes, le retour à des formes de croyance anciennes, et plus particulièrement à la religion, qui est préconisé par certains, et notamment par un certain nombre d’hommes de science, ne constitue en aucun cas un progrès, mais plutôt une régression, parce que, à la différence de celle du scepticisme, la démarche qu’il adopte n’a pour elle ni la probité intellectuelle ni le fait de constituer le résultat d’une recherche sérieuse de la vérité. La solution, s’il y en a une, ne consiste certainement pas à remplacer le savoir, qui semble se révéler inaccessible, par la croyance retrouvée, mais plutôt à apprendre à accepter et à supporter de ne pas savoir.

Je ne crois pas moi-même que la morale qui doit être tirée de la science moderne soit le moins du monde ce que le public général a été […] amené à supposer. En premier lieu, les hommes de science sont loin d’en avoir dit autant que l’on croit qu’ils l’ont fait ; et, en deuxième lieu, ce qu’ils ont dit en matière de soutien apporté aux croyances religieuses traditionnelles a été dit par eux non pas dans leur capacité de scientifiques prudents, mais plutôt dans leur capacité de bons citoyens, soucieux de défendre la vertu et la propriété. La guerre et la Révolution Russe ont rendu tous les hommes timides conservateurs, et les professeurs sont habituellement d’un tempérament timide[5].

Le soutien que ces derniers donnent l’impression d’apporter à la croyance religieuse est donc bien davantage l’expression du conservatisme timoré que la conséquence d’une confirmation réelle que l’évolution récente de la science, et en particulier de la physique, aurait apportée à la religion.

Comme on l’a vu, Russell pense qu’il y a une distinction indispensable à faire entre la science comme métaphysique et la science comme instrument de pouvoir et comme technique de gouvernement qui peut être appliquée à la fois aux hommes et aux choses. Ces deux aspects sont largement indépendants l’un de l’autre, et il est tout à fait possible que la science comme pouvoir survive pendant des siècles à l’effondrement de la science comme métaphysique. « Je suppose, pronostique Russell, que les machines survivront à l’effondrement de la science, exactement comme les curés ont survécu à la théologie ; mais, dans un cas comme dans l’autre, ils cesseront d’être considérés avec respect et crainte.[6] » Quand il parle d’un effondrement de la science comme métaphysique, Russell pense surtout à la situation de la physique, qui a abouti à l’idée d’un univers sans continuité, sans unité, sans cohérence et sans ordre, mais ne consent pas encore à accepter les conséquences qui résultent logiquement de cela.

Les physiciens […] ont été si peinés par les conclusions auxquelles la logique les aurait conduits qu’ils se sont mis à abandonner en troupes la logique pour la théologie. Tous les jours un nouveau physicien publie un nouveau volume pieux pour se dissimuler à lui-même et aux autres le fait que, dans sa capacité de scientifique, il a plongé le monde dans la déraison et l’irréalité[7]. »

Le paradoxe étonnant auquel on est confronté est donc le suivant :

Au moment précis où la physique, qui est la science fondamentale, est en train de ruiner toute la structure de la raison appliquée et de nous présenter un monde de rêves irréels et fantastiques à la place de l’ordre et de la solidité newtoniens, la science appliquée devient particulièrement utile et plus capable que jamais de donner des résultats précieux pour la vie humaine. Il y a là un paradoxe, dont il est possible que la solution intellectuelle soit trouvée plus tard ou également qu’aucune solution n’existe pour lui. Le fait est que la science joue deux rôles tout à fait distincts ; d’une part, en tant que métaphysique, et d’autre part en tant que sens commun éduqué. En tant que métaphysique, elle a été ruinée par son propre succès[8].

Russell précise qu’il ne sous-estime pas l’importance de la science en tant que métaphysique, mais la valeur de la science en tant que métaphysique appartient à une autre sphère que sa valeur pratique : elle est, dit-il, de nature religieuse, et non pas politique ou même morale. Ce qui est menacé par la désillusion sceptique à laquelle a abouti pour le moment l’effort de la science elle-même est en fait uniquement cet aspect plus ou moins religieux. Mais encore une fois, la conclusion à tirer de cela n’est sûrement pas qu’il faut essayer de revenir à la religion.

C’est cet aspect quasi religieux de la valeur de la science qui semble être en train de succomber aux assauts du scepticisme. Jusqu’à une date tout à fait récente, les hommes de science se sont sentis comme les grands prêtres d’un noble culte, à savoir le culte de la vérité ; non de la vérité telle que la comprennent les sectes religieuses, c’est-à-dire comme champ de bataille d’une collection de dogmatiques, mais de la vérité comme une quête, une vision apparaissant faiblement et à nouveau disparaissant, un soleil que l’on espère pour rencontrer le feu héraclitéen dans l’âme. C’est parce que la science a été conçue de cette façon que les hommes de science étaient disposés à supporter privations et persécutions, et à être exécrés comme ennemis des croyances établies. Tout cela est en train de s’évanouir dans le passé ; l’homme de science moderne sait qu’il est respecté, et sent qu’il ne mérite pas le respect. Il approche l’ordre établi de façon apologétique. « Mes prédécesseurs, dit-il en effet, peuvent avoir dit des choses dures à votre sujet parce qu’ils étaient arrogants et s’imaginaient qu’ils possédaient une certaine connaissance. Je suis plus humble et ne prétends pas savoir quoi que ce soit qui puisse contredire vos dogmes.[9] »

Ce genre de choses a été, il faut le rappeler, écrit par Russell en 1931. Mais il n’y aurait manifestement pas grand-chose à changer à ce qu’il dit pour obtenir une description exacte de la situation que nous expérimentons en ce moment. « C’est un fait curieux, constate-t-il, qu’exactement au moment où l’homme de la rue a commencé à croire intégralement à la science, l’homme dans le laboratoire a commencé à perdre sa foi.[10] » Il faudrait certainement être très naïf ou très optimiste pour croire aujourd’hui qu’il l’a entre-temps retrouvée. Et comme le remarquait Russell : « Quand la robustesse de la foi catholique a décliné à l’époque de la Renaissance, elle a eu tendance a être remplacée par l’astrologie et la nécromancie, et de la même façon nous devons nous attendre à ce que le déclin de la foi scientifique mène à une recrudescence des superstitions primitives.[11] » C’est, bien entendu, uniquement d’un déclin de la foi en la science, au sens indiqué, qu’il faut parler ; car, pour ce qui est de la croyance pratique à la science, il n’y a aucune raison de penser qu’elle ait été ébranlée. C’est même plutôt le contraire qui semble être le cas.

Pour illustrer ce qu’il veut dire quand il dit que le comportement de l’homme de science moderne à l’égard des croyances les plus répandues et de l’ordre établi est devenu apologétique, Russell cite un passage très remarquable d’un livre de Lancelot Hogben publié en 1930, The Nature of Living Matter :

L’attitude apologétique qui est si dominante dans la science d’aujourd’hui n’est pas un résultat logique de l’introduction de nouveaux concepts. Elle est fondée sur l’espoir de réinstaurer les croyances traditionnelles avec lesquelles la science a été à un moment donné en conflit ouvert. Cet espoir n’est pas un produit accessoire de la découverte scientifique. Il a ses racines dans le tempérament social de la période. Pendant une demi-décennie, les nations de l’Europe ont abandonné l’exercice de la raison dans leurs relations les unes avec les autres. Le détachement intellectuel était un manque de loyauté. La critique des croyances traditionnelles était une trahison. Les philosophes et les hommes de science s’inclinaient devant le décret inexorable de la suggestion grégaire. Le compromis avec la croyance traditionnelle est devenu la marque à laquelle se reconnaît la qualité de bon citoyen. La philosophie contemporaine a encore à trouver un moyen de sortir du découragement intellectuel qui est l’héritage d’une Guerre mondiale[12].

Ce n’est pas une exagération de remarquer que, bien que nous n’ayons plus depuis de nombreuses décennies à assumer directement l’héritage d’une guerre mondiale, nous sommes entrés, nous aussi, depuis un bon moment déjà dans une phase apologétique, où les philosophes et les hommes de science se sentiraient presque obligés par moments de s’excuser de la menace que leurs affirmations pourraient sembler représenter pour certaines croyances traditionnelles. Je ne m’attarderai pas sur la question des raisons véritables de cette évolution, qui sont probablement à nouveau plus sociales que scientifiques ou épistémologiques et ne semblent pas liés à des changements particuliers qui seraient intervenus récemment dans les sciences elles-mêmes. Je remarquerai simplement que peu d’hommes étaient aussi exempts de naïveté et dépourvus d’illusions que l’était Russell à l’égard des bienfaits que nous pouvons attendre des progrès de la connaissance scientifique. Le bilan, d’après lui, n’est sûrement pas aussi positif qu’on aimerait le croire :

Après les guerres de religion, la théologie a perdu graduellement son emprise intense sur les esprits des hommes. Pour autant que quoi que ce soit ait pris sa place, sa place a été prise par la science. Au nom de la science, nous révolutionnons l’industrie, ruinons la morale de la famille, réduisons en esclavage les races de couleur et nous exterminons les uns les autres avec un grand savoir-faire à l’aide de gaz toxiques. Certains hommes de science n’aiment pas vraiment ces usages auxquels on fait servir la science. Dans la terreur et la consternation, ils reculent devant la poursuite sans compromission de la vérité et essaient de trouver refuge dans les superstitions d’une époque antérieure[13].

Il ne peut cependant y avoir aucun doute sur le fait qu’en dépit des sentiments de crainte et de révolte qu’il éprouvait lui-même à l’égard du genre d’avenir que l’humanité était probablement en train de se préparer sous la conduite de la science, l’auteur de ces lignes, s’il était confronté à la situation que nous connaissons aujourd’hui, maintiendrait sans hésitation que la pire des solutions serait celle qui consiste à renoncer à l’effort de connaissance.

Les hommes ont besoin d’une foi qui soit robuste et réelle, et non pas timide et un peu molle. La science n’est dans son essence rien d’autre que la poursuite systématique de la connaissance, et la connaissance, quels que soient les mésusages que des hommes mauvais font d’elle, est dans son essence bonne. Perdre la foi en la connaissance, c’est perdre la foi dans la meilleure des capacités de l’homme ; et par conséquent je répète sans hésiter que le rationaliste qui ne cède pas a une foi meilleure et un optimisme plus inflexible que l’un quelconque des chercheurs timides qui sont à la poursuite des conforts infantiles d’une époque moins adulte[14].

Notes
  • 1.

    Jacques Bouveresse

  • 2.

    . Russell, « Free Thought and Official Propaganda », Sceptical Essays, Unwin Books, London, 1960, p. 104-105.

  • 3.

    . Bertrand Russell, Fact and Fiction (1961), Routledge, London and New York, 1994, p. 105.

  • 4.

    . Russell, The Scientific Outlook, op. cit., p. 104.

  • 5.

    . Ibid., p. 105.

  • 6.

    . Ibid., p. 98.

  • 7.

    . Ibid., p. 98-99.

  • 8.

    . Ibid., p. 100-101.

  • 9.

    Ibid., p. 103.

  • 10.

    . Ibid., p. 88.

  • 11.

    . Ibid., p. 89.

  • 12.

    . Lancelot Hogben, The Nature of Living Matter, cité par Russell, The Scientific Outlook, p. 137.

  • 13.

    Ibid.

  • 14.

    . Ibid., p. 137-138.